Par Claire Moussel, AQEPA Provinciale
Révision Audrey Dupont
Le samedi 23 octobre 2021 a lieu le tout premier forum social virtuel de l’AQEPA – « Pour l’accès à l’éducation des élèves ayant une surdité » – organisé en partenariat avec trois chercheurs : Sylvain Letscher (UQAR) et Audrey Dupont (UQAR) et France Beauregard (UdeS), ainsi qu’avec Yves Blanchette (Multi Groupe Conseil).
Contrairement à une formule conférence/atelier où des acteurs agissent en tant qu’experts pour faire réfléchir les participants, l’objectif, ici, était tout le contraire : ce sont les discussions des participants qui ont permis de faire réfléchir sur la mise en œuvre des solutions proposées.
Cette journée a permis de rassembler plus de trente participants aux profils variés : des jeunes adultes vivant avec une surdité, des parents, des ressources régionales et des conseillers pédagogiques, des interprètes et des enseignants.
Revenons brièvement sur le déroulement de cette journée et les échanges qui en sont ressortis… et les suites qui sont à envisager.
Les problématiques
La journée s’est ouverte avec les témoignages de Jérôme Blanchette, un jeune adulte membre de l’AQEPA, et de son père Yves, autour de leurs souvenirs et des moments-clés qui ont ponctué le parcours scolaire de Jérôme. Durant l’avant-midi, les participants ont réfléchi en sous-groupes sur les problématiques, les difficultés, les défis et les besoins des jeunes vivant avec une surdité et d’en nommer les causes lorsque c’était possible. Les thématiques traitées étaient en lien avec les milieux :
- scolaire (= autour de l’enfant) : le plan d’intervention, le plan de services, les ressources disponibles, les accommodations et mesures de soutien, services de garde, interprétation, transitions, matières obligatoires, vision de la réussite
- familial (= autour de la famille) : le soutien parental, le soutien aux jeunes la transition vers la vie active, la vision de la réussite, la langue et les modes de communication, le choix scolaire
- professionnel (= autour des professionnels) : le soutien aux professionnels, l’interprétation, la formation et sensibilisation, le milieu de la réadaptation.
À la suite de ces discussions, les participants se sont retrouvés en plénière et une personne désignée dans chacun des groupes rapportait les points jugés prioritaires.
Ces différentes priorités ont été regroupées sous 5 axes :
- le soutien aux personnes
- le soutien aux professionnels
- la sensibilisation et le partage d’informations
- la continuité des services
- le parcours académique
Les pistes de solution
En après-midi, les participants sont retournés en sous-groupes afin de travailler sur des pistes de solutions autour d’au moins 3 des 5 axes, en déterminant les écarts à combler entre la situation actuelle et l’idéal souhaité tout en identifiant les personnes ou les organisations pouvant agir pour mettre en place ces solutions.
Ces pistes de solutions devaient être SMART : spécifiques et simples, mesurables, atteignables et suscitant l’adhésion, réalistes et définies dans le temps.
Lors de la dernière plénière de la journée, nous avons mis en commun les discussions.
Certains éléments sont ressortis à plusieurs reprises :
- la reconnaissance et la valorisation des professionnels et professionnelles (notamment des interprètes)
- la nécessité de sensibiliser l’ensemble du milieu scolaire sur la surdité, ses impacts et la diversité des besoins des jeunes.
- la nécessité de créer des liens : entre les jeunes, entre les professionnels, entre les milieux.
Les échanges ont été riches, respectueux et complémentaires ; les points de vue, les choix, les vécus et les expertises de chacun et chacune ont permis de décrire la grande diversité des besoins des jeunes vivant avec une surdité au Québec.
Groupes de discussion
Suite au forum social, des discussions partagées en groupes homogènes réservées à des interprètes exerçant en milieu scolaire, ont été organisées en décembre 2022 afin d’approfondir certaines thématiques soulevées. Les discussions des participantes (dix interprètes exerçant dans plusieurs régions du Québec) ont permis de faire réfléchir sur la
mise en œuvre des solutions qui ont été proposées.
Les participantes ont abordé, dans un premier temps, les obstacles et problématiques qu’elles rencontrent dans le modèle de situation actuelle, autour des thématiques suivantes :
- Formation initiale et continue
- Conditions d’embauche et d’emploi
- Rôle et responsabilités de l’interprète
- Relations avec l’élève, les parents, le milieu scolaire
Dans un second temps, elles ont pu proposer des pistes de solutions pour la plupart des enjeux soulevés, basés à la fois sur leur expérience personnelle ou des pratiques dont elles ont eu connaissance. Lorsque possible, des partenaires ou acteurs clés ont été ciblés pour la mise en œuvre des pistes de solution.
Merci
à l’Université du Québec à Rimouski, Sylvain Letscher, Audrey Dupont, France Beauregard, Marie-Josée Richard et Yves Blanchette pour l’animation des discussions, ainsi que Claudie Robichaud, Marie-Luce Carrier, Lyne Larrivée, Daphné St-Laurent et Kathy Guilhempey pour la prise en notes des échanges.