Études et emploi

Nous sommes d’abord des JEUNES!

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Éva Dufresne nous raconte son enfance sur un ton qui nous laisse voir à quel point elle perçoit sa vie d’abord comme une vie d’enfant et, ensuite, seulement bien après, une enfant vivant avec une surdité.

L’école

Après avoir fréquenté une garderie régulière, elle a fréquenté une école spécialisée où elle a reçu des services d’orthophonie et où les classes étaient composées de seulement quatre ou cinq enfants. Son parcours scolaire serait devenu plus ardu après que le centre de services scolaire eut insisté pour qu’elle fasse sa troisième année sur deux ans. Cela fait en sorte qu’elle entreprend son secondaire alors qu’elle n’a pas fait ses cinquième et sixième années du primaire. On peut facilement imaginer qu’elle avait un énorme défi devant elle. Elle se rappelle avoir surtout eu des amis malentendants mis à part les amis de sa sœur qu’elle fréquentait un peu. Éva nous partage ensuite l’hésitation qu’elle ressent lorsqu’on lui propose l’implant cochléaire. Elle se souvient d’un choix difficile pour lequel elle a beaucoup questionné deux amis qui avaient été implantés très jeunes. Ils la convainquent des avantages. En février 2007, elle est opérée. Elle nous raconte son angoisse, se souvient du bandage à son réveil. Mais, surtout, elle se souvient d’avoir entendu quelques semaines plus tard le son de l’eau qui coule, la radio et le vent dehors… GÉNIAL dit-elle! Forte de la nouvelle confiance que lui insuffle son implantation récente, elle décide qu’elle se sent prête à fréquenter l’école de son frère et sa sœur, l’école régulière. Elle en avait assez de son école où le climat était dur et ponctué de batailles et d’intimidation.

Le collège

À sa grande déception, on refuse de l’intégrer. Comme elle n’est pas de ceux à qui on dit non facilement, notre jeune Éva écrit à nul autre que Jean Charest lui-même. Comme il ne lui répond pas, elle s’inscrit finalement dans un collège pour jeunes filles. Enfin, elle y fait sa place. Elle s’y sent bien, elle a des amies. Elle fonctionne bien sur le plan académique. Éva a gagné de l’estime de soi, elle va vers toutes les autres filles pour faire leur connaissance. On l’invite à des fêtes, on la complimente sur la qualité de sa parole. Les enseignants la soutiennent lorsqu’elle rencontre des difficultés en classe.

Elle nous raconte fièrement avoir eu à deux reprises des méritas pour ses bonnes notes et sa persévérance. Comme elle aime travailler fort et aime étudier, tout se passe bien. Elle est même dans le groupe enrichi en mathématiques. Elle se remémore avec nous son bal de secondaire 5 et nous dit avoir l’intention de faire son Cégep en sciences de la santé, car elle veut aider les gens malades.

Le sport

Au niveau des sports, elle a essayé la natation, mais a abandonné, car elle n’entendait rien. Elle essaie aussi de se mettre au piano, mais cela s’avère très difficile. Après un peu de découragement, elle trouve « son » sport, le patinage artistique. Elle intègre le groupe et fait de la compétition au niveau junior. Pour Éva, l’important est de participer aux compétitions et les médailles importent peu. C’est pourtant dans le cadre de la pratique de ce sport qu’elle aime qu’elle vivra une expérience difficile où l’arrivée d’une nouvelle changera la dynamique du groupe et elle se retrouvera douloureusement exclue. Les choses se rétablissent le jour où elle se fâche et crie dans la chambre avec ses coéquipières. Avec humour, elle nous dit être capable de mordre, de grafigner et de griffer. Elle nous dit fièrement avoir « eu la paix » ensuite!

Lorsqu’elle nous raconte sa crise d’appendicite comme l’événement le plus marquant de sa vie, ça rappelle aux parents que nous sommes que nous devons garder à l’esprit que nos enfants sont D’ABORD des enfants. La surdité n’est qu’une des multiples facettes de leur vie.

Par Geneviève Bédard

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