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Éducation des élèves sourds ou ayant une surdité : entre participation sociale, inclusion et littératie

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Les 9 et 10 mai 2022 s’est tenu le colloque 505 “Éducation des élèves sourds ou ayant une surdité : entre participation sociale, inclusion et littératie”, dans le cadre du 89e congrès de l’ACFAS. La programmation a été coordonnée par Sylvain Letscher, (UQAR – Université du Québec à Rimouski), Audrey Dupont (UQAR – Université du Québec à Rimouski) et Rachel Berthiaume (UdeM – Université de Montréal).

Quel état de la situation est-il possible de faire sur l’éducation des élèves sourds ou ayant une surdité, qui implique tant les personnes sourdes ou ayant une surdité, mais aussi leur famille et les intervenants scolaires et des services complémentaires, du réseau de la santé et des services sociaux et communautaires et de l’administration des politiques?

Afin de favoriser le transfert de connaissances et le partage de pratiques d’inclusion innovantes au profit des élèves sourds ou ayant une surdité, les conférences de ces deux journées ont été enregistrées et sont visionnables ci-dessous. Elles sont toutes interprétées en langue des signes québécoise.

NB : En raison d’un paramétrage d’enregistrement hors de notre contrôle, les conférenciers signeurs ne sont pas visibles sur les vidéos. Nous présentons nos excuses et avons fait appel à des interprètes a posteriori pour retransmettre leurs propos aussi fidèlement que possible. 

Allocution de Josée Lepage, sous-ministre à l’Éducation

Bonjour à tous,

C’est un plaisir pour moi de pouvoir lancer ce colloque consacré à l’éducation des élèves sourds et malentendants. Le congrès de l’ACFAS est un moment unique pour connaître les résultats des recherches de la communauté scientifique sur les enjeux qui touchent notre société. Ce colloque est également une belle occasion pour les acteurs impliqués directement ou indirectement dans les services éducatifs offerts aux élèves sourds et malentendants de partager leurs savoirs et leurs expériences.

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Comme vous le savez, l’éducation est au cœur des priorités du gouvernement du Québec. Elle est un puissant levier permettant de bâtir une société plus ouverte et plus inclusive. La réussite éducative vise l’atteinte du plein potentiel de tous les élèves. Pour y arriver, nous devons tenir compte de la grande diversité des élèves et d’actualiser constamment nos façons de faire afin de répondre à leurs besoins.

À travers sa Politique de la réussite éducative, le gouvernement du Québec s’est engagé à déployer des services éducatifs accessibles, de qualité et adaptés à la diversité des élèves. C’est en travaillant de concert avec le réseau scolaire et les acteurs concernés par les élèves sourds et malentendants que nous y arriverons.

L’apprentissage de la langue orale ainsi que le développement des habiletés en lecture et en écriture constituent un défi pour les élèves sourds et malentendants et peut représenter un enjeu pour leur participation à la société. 

Des réflexions sont nécessaires afin de mettre en place les moyens les plus adéquats pour permettre le développement de la littératie de tous ces élèves. 

Le réseau scolaire doit constamment se renouveler, s’adapter et s’inspirer des meilleures pratiques pour favoriser la réussite éducative de tous les élèves, y compris les élèves sourds et malentendants. Je souhaite que ce colloque soit riche en échanges, en rencontres et en apprentissages et qu’il puisse nous éclairer sur les moyens à prendre pour favoriser la réussite éducative de tous ces élèves !

Je nous souhaite à tous un excellent colloque!

Allocution de Josée Lepage en LSQ
Défis de la participation sociale d’élèves sourds au Québec : Éducation, communication et relations interpersonnelles
Sylvain Letscher (UQAR – Université du Québec à Rimouski), Audrey Dupont (Université de Montréal/Université du Québec à Rimouski), Rachel Berthiaume (Université de Montréal), France Beauregard (Université de Sherbrooke)Naomie Fournier Dubé (UQAR – Université du Québec à Rimouski)

Résumé

Sur le plan international, peu d’études portent sur la participation sociale des élèves sourds, sous l’angle du processus de production du handicap (Letscher et al., 2008, 2020). Cette recherche s’appuie sur une méthodologie mixte, à partir de comparaisons intergroupes a posteriori (post hoc), d’un devis descriptif et qualitatif, qui permettent de préciser la situation de participation sociale d’élèves sourds ou ayant une surdité. Un questionnaire sociodémographique et la MHAVIE 4.0 (Fougeyrollas et al., 2014) ont été administrés auprès de 65 parents d’enfants sourds (oralistes ou signeurs) provenant de 14 régions du Québec (grands-centres, régions périphériques et éloignées) et 21 parents tout-venant. L’analyse permet d’identifier les différences significatives selon les domaines et indicateurs de participation sociale, sur les plans de l’éducation, de la communication et des relations interpersonnelles.

>> Ces résultats font suite aux vidéoconférences « Éducation et scolarisation des enfants sourds ou ayant une surdité » et « Scolarisation d’élèves sourds au Québec : les défis de la littératie » présentées sur le site du congrès de l’ACFAS.

Forum social sur l’éducation des élèves sourds ou ayant une surdité : démarche, constats et suites
Claire Moussel (Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs)Sylvain Letscher (UQAR – Université du Québec à Rimouski)Audrey Dupont (UQAR – Université du Québec à Rimouski)

Résumé

Le forum social sur l’éducation des élèves sourds ou ayant une surdité s’est déroulé le 23 octobre 2021, en ligne, au niveau provincial et interprovincial (Québec, Nouveau-Brunswick, Ontario). Cette journée de réflexion collective s’est articulée autour de groupes de discussion et de plénières. Plus d’une trentaine de parents et de professionnels de l’éducation et du milieu associatif ont participé au forum. La conférence présentera une synthèse des problèmes et des besoins identifiés de même que les pistes de solution qui ont été évoquées autour des cinq priorités pour favoriser l’accès à l’éducation des élèves ayant une surdité ciblées: 1) le soutien aux personnes sourdes et à leur famille, 2) le soutien aux professionnels, 3) la sensibilisation et le partage d’informations, 4) la continuité des services et 5) le parcours scolaire. Enfin, nous présenterons les suites qui seront données à ce forum.

Parcours d’intégration et de recherche d’emploi de personnes présentant une surdité
Sandrine Duval (UdeM – Université de Montréal), Oliver Huynh (Université de Montréal)Audrey Dupont (UQAR – Université du Québec à Rimouski)Marie Laberge (UdeM – Université de Montréal)

Résumé

Occuper un emploi constitue un moyen important pour permettre aux individus de développer leur estime personnelle et de consolider leurs réseaux sociaux. Le travail peut favoriser la participation sociale de toute personne vivant en société. Or, les personnes présentant une surdité sont moins nombreuses à participer au marché de l’emploi. En 2012, Statistique Canada mentionnait que le taux d’emploi des adultes en âge de travailler et présentant une surdité était beaucoup plus faible que celui des adultes sans incapacité. Dans le cadre du projet multidisciplinaire Disability, Employment, and Public Policies​ Initiative, nous avons étudié les différents parcours d’intégration à l’emploi et de recherche d’emploi vécus par des personnes présentant une surdité. Dans une perspective qualitative et phénoménologique, les entretiens semi-dirigés de 24 participants issus de la région de Montréal, de la Montérégie, de l’Outaouais, du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-Nord ont été analysés.  Des mesures de soutien et des services liés à la communication et à la technologie influençant l’insertion professionnelle ont été identifiés. Des profils d’utilisateurs, influencés par les caractéristiques des participants ou par des évènements ayant modulé leur vie professionnelle, ont émergé des analyses.

Sensibilisation des futur.es professionnel.les pour favoriser la réussite éducative et l’inclusion sociale des jeunes vivant avec une surdité
Claire Moussel (Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs), Marie-Josée Richard (Association du Québec pour enfants à problèmes auditifs – Montréal Régional)

Résumé

Les jeunes vivant avec une surdité et leurs parents rencontreront tout au long de leur parcours de nombreux intervenants et professionnels – de l’audiologiste qui annonce un diagnostic, à l’enseignant.e ou à l’interprète en langue des signes, en passant par les éducateurs et éducatrices durant la petite enfance. Leurs pratiques, les mots qu’ils utilisent, leur connaissance et leurs représentations de la surdité, auront un impact notamment sur l’engagement de ces parents, l’estime de soi du jeune, et donc le développement de son plein potentiel. Face à ces constats, l’AQEPA a élaboré des activités de sensibilisation, offertes dans le cadre des cursus universitaires de ces futur.es intervenant.es. L’objectif est de présenter une vision sociale de la surdité – dans toute sa diversité – et d’aborder les pistes d’action et les pratiques permettant de favoriser l’accessibilité universelle et l’inclusion, notamment dans le milieu scolaire. Découvrez notre approche, le contenu proposé, alliant données de recherche et constats de terrain, les bénéfices attendus et constatés ainsi que les pistes de développement envisagées.

Perspectives d’intervenants spécialisés en surdité sur les besoins des élèves sourds et malentendants au secondaire
Maude Gagnon (UQTR – Université du Québec à Trois-Rivières), Claire Croteau (Université de Montréal)Louise Duchesne (UQTR – Université du Québec à Trois-Rivières)

Résumé

Les enfants présentant une surdité bénéficient rarement d’un suivi en orthophonie au-delà des premières années du primaire. Pourtant, la période de l’adolescence peut s’avérer particulièrement difficile pour ces jeunes comme ils deviennent davantage préoccupés par leur surdité en plus d’être inquiets concernant leur avenir et leurs relations (Punch et Hyde, 2011). Un grand nombre de jeunes ayant une surdité n’arrivent d’ailleurs pas à faire face aux exigences plus élevées des études postsecondaires (Marschark et al., 2019). L’objectif de cette étude est d’identifier les besoins des adolescents présentant une surdité sur le plan de la communication et des apprentissages selon la perspective des intervenants qui les côtoient. Des groupes de discussion focalisés ont été réalisés avec des intervenants œuvrant auprès d’adolescents présentant une surdité. Les cinq groupes de discussion (3 à 5 personnes par groupe) se sont déroulés par visioconférence. Une analyse thématique inductive a été réalisée. Les résultats préliminaires appuient l’importance de la collaboration entre les intervenants spécialisés en déficience auditive et les enseignants en milieu scolaire ordinaire afin que les impacts de la surdité sur les apprentissages et la communication soient mieux connus. Les résultats de cette étude permettront : 1) de décrire les enjeux vécus par ces jeunes et de leur offrir des interventions mieux adaptées et 2) de connaître les défis vécus par les intervenants en surdité.

Les phonèmes d’abord
Kathleen Bull (école st-jude), Myriam Girard (école du Curé-Lequin, CSS Marie-Victorin), Eric Poirier (Écoles Curé-Lequin et St-Jude), Manon Rivard (École du Curé_lequi, CSSMV)

Résumé

L’acquisition de la lecture et de l’écriture est un défi pour plusieurs élèves. Devant des incohérences relevées dans leurs pratiques éducatives au 1er cycle, des enseignants et orthopédagogues ont relevé le défi de revoir leurs façons d’enseigner afin d’assurer plus de cohérence et de constance entre les intervenants du préscolaire et du 1er cycle. En introduisant le codage de la Langue française Parlée Complétée (LPC), un système de communication développé initialement pour les enfants sourds, et les personnages des histoires facilitant l’apprentissage de ce français « visuel » codé, les intervenants ont apporté des changements dans leur enseignement. Tous les phonèmes (« sons ») du français prennent une place prépondérante dans cette démarche d’apprivoisement de la conscience phonologique vers la graphie pour accéder à un décodage fluide en lecture et permettre un meilleur traitement de l’information écrite. Les trois collectes de données annuelles ont permis d’ajuster les interventions tout au cours de l’année, mais aussi de mettre en évidence l’apport indéniable des outils utilisés. La présentation abordera le point de départ de cette communauté d’apprentissage ainsi que ses résultats et tout le chemin parcouru en lien avec la réponse à l’intervention, l’enseignement universel, la conscience phonologique, les graphies, des hypothèses, des doutes, la diversité d’apprenants.

L’effet d’un apprentissage de la Langue française Parlée Complétée (LPC) sur la conscience phonologique d’enfants entendants francophones en maternelle
Camille Clarté (UQAM – Université du Québec à Montréal), Laura Marchart (GIPSA-Lab)Lucie Ménard (UQAM – Université du Québec à Montréal), Hélène Loevenbruck (Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition), Anne Vilain (GIPSA-Lab)Kathleen Bull (école st-jude), Myriam Girard (école du Curé-Lequin, CSS Marie-Victorin), Eric Poirier (Écoles Curé-Lequin et St-Jude), Manon Rivard (École du Curé_lequi, CSSMV)

Résumé

La Langue française parlée complétée (LPC) est un système de codage visuel des sons initialement développé afin de suppléer la lecture labiale pour les personnes malentendantes. Un certain nombre de travaux mettent en exergue le rôle important de l’exposition à la LPC dans le développement de la conscience phonologique et de la lecture chez des enfants sourds. Très peu de données existent cependant sur l’apport potentiel de la LPC sur ces habiletés au cours du développement langagier de l’enfant entendant. L’objectif de cette communication est d’évaluer l’impact d’un apprentissage de la LPC en milieu scolaire sur les habiletés de conscience phonologique chez des enfants de maternelle. Les élèves de trois classes qui se distinguent par différents degrés d’exposition à la LPC (modéré et intensif) ont participé à des tâches de segmentation syllabique, fusion syllabique, identification du phonème initial, fusion phonémique et segmentation phonémique. Des modèles linéaires à effets mixtes suggèrent que chez certains élèves ayant été exposés de façon intensive à la LPC, les scores obtenus aux tâches de conscience phonologique sont significativement plus élevés que chez les élèves ayant été exposés modérément à la LPC. Une variabilité importante interindividuelle est observée, et les causes probables de cette variabilité sont présentées. L’apport de l’exposition à la LPC dans le développement langagier des enfants entendants est également discuté.

Apprentissage de l’orthographe de mots nouveaux via la lecture par des enfants ayant une surdité : focus sur la nature des erreurs
Elodie Sabatier (Université libre de Bruxelles (ULB)), Fabienne Chetail (Laboratoire Cognition Langage et Développement, Université libre de Bruxelles), Jacqueline Leybaert (Laboratoire Cognition Langage et Développement, Université libre de Bruxelles)

Résumé

Le décodage phonologique en lecture joue un rôle majeur dans l’apprentissage orthographique. Ce constat a récemment été retrouvé chez les enfants sourds, via le paradigme d’auto-apprentissage (Wass et al., 2019). Notre étude utilise ce paradigme afin d’évaluer la création de représentations orthographiques et détaille le type d’erreurs pour inférer les mécanismes d’acquisition de 29 enfants sourds comparés à 29 enfants entendants, âgés de 7 à 13 ans. Les enfants lisaient 10 histoires comprenant chacune un pseudo-mot cible apparaissant trois fois. L’apprentissage de l’orthographe du mot nouveau a été évalué ensuite à l’aide d’une tâche de production sous dictée, suivie d’une tâche de reconnaissance, dans laquelle chaque item cible, par ex. karmol, était présenté avec trois distracteurs : phonologique ‘carmole’, orthographique ‘kamrol’, autre ‘camrole’. Dans l’ensemble, les résultats confirment l’hypothèse d’auto-apprentissage. En dictée, les deux groupes obtenaient de faibles scores, et les enfants sourds produisaient davantage d’erreurs phonologiquement non-plausibles (carmone) en comparaison au groupe contrôle, pour lequel 73% des productions étaient des homophones (carmole). Ces résultats indiquent une difficulté d’accès à la forme phonologique du mot pour les enfants sourds. Par ailleurs, les enfants sourds obtenaient des scores significativement supérieurs à ceux des entendants dans la tâche de reconnaissance, ce qui témoigne du stockage de l’information orthographique.

Que nous disent les fautes d’orthographe sur la compétence orthographique des enfants sourds?
Daniel Daigle (UdeM – Université de Montréal)Rachel Berthiaume (UdeM – Université de Montréal)

Résumé

Pour les élèves sourds, l’acquisition de l’orthographe est un défi considérable, notamment parce que le code orthographique est basé sur une langue à laquelle la plupart d’entre eux ont un accès limité. La majorité des études menées auprès d’élèves sourds ont rapporté qu’ils accusent un retard par rapport à leurs pairs entendants. Cependant, ces recherches ne recourent que rarement à une grille de classification des erreurs orthographique. L’utilisation d’une telle grille permet pourtant de brosser un portrait précis des connaissances orthographiques des apprentis-scripteurs concernés. Le but de cette présentation est de décrire les compétences orthographiques de 19 élèves sourds (âge moyen =10,9 ans) et de comparer leurs erreurs à celles de 20 élèves entendants du même âge et 17 élèves entendants plus jeunes, mais de même niveau de lecture. Dans un premier temps, les résultats obtenus dans le cadre de notre étude seront présentés. Ces résultats indiquent que les erreurs des élèves sourds sont qualitativement différentes de celles des élèves entendants, mais ne se distinguent pas de ces derniers sur le plan quantitatif. Dans un deuxième temps, des pratiques pédagogiques issues de cette étude seront exemplifiées de manière à fournir aux intervenants des outils pour mieux travailler l’orthographe en classe.

Stratégies de lecteurs et de scripteurs sourds natifs de la LSQ
Audrey Dupont (UQAR – Université du Québec à Rimouski), Chantal Turcotte (École secondaire Lucien-Pagé, secteur des Sourds), Hélène Boulanger (Centre de service scolaire de Montréal),  Sylvain Letscher  (Université du Québec à Rimouski), Rachel Berthiaume (Université de Montréal)

Résumé

Dans le prolongement des travaux qui ont été menés récemment en ce qui a trait à la participation sociale et la littératie des élèves sourds (Letscher et al., 2020), cette étude s’articule autour d’une demande faite par un milieu partenaire spécialisé afin d’étudier les stratégies d’apprentissage et d’enseignement qu’il serait possible de mettre en place pour enseigner la littératie à des élèves sourds signeurs québécois. Ainsi, pour mieux comprendre comment favoriser l’apprentissage de la littératie chez l’élève S/sourd, des adultes S/sourds signeurs dont la langue usuelle est la langue des signes québécoise (LSQ) ont été questionnés sur les stratégies d’apprentissage de la langue écrite (lecture et écriture) qu’ils ont développées lorsqu’ils étaient en milieu scolaire. Cette communication qui s’appuie sur une méthodologique qualitative a pour objectif d’expliciter les démarches et les résultats de l’analyse des entretiens semi-dirigés. Le processus méthodologique utilisé pour la transcription des entretiens grâce à la présence d’un transcripteur Sourd sera également explicité. Avec cette recherche, il a été possible de créer un référentiel visant à mieux outiller les élèves S/sourds utilisant la LSQ dans les écoles québécoises dans leur processus d’apprentissage du français écrit et ainsi proposer des pistes d’enseignement afin de mieux soutenir l’apprentissage des enfants S/sourds utilisant la LSQ.

Négociation et appropriation des savoirs : quand les stratégies des étudiants sourds et non sourds invitent à se décentrer du seul usage de l’écrit
Marion Fabre (Université Lumière Lyon 2)

Résumé

Cette communication visera à réfléchir sur la place de la langue écrite dans la construction des connaissances en contexte de formation universitaire. Maîtriser la langue écrite facilite la participation sociale des individus; or les Sourds sont souvent identifiés comme un public en difficulté face à l’écrit (Berthiaume et Daigle, 2014). Dans le passage au distanciel, les étudiants, sourds comme entendants, ont été contraints de mobiliser de nouvelles stratégies de travail pour prélever et construire les contenus de savoirs. Nous tenterons de relever les stratégies de prélèvement de l’information et de coconstruction du savoir d’étudiants universitaires, source d’une réflexion plus large sur la considération d’une pédagogie universitaire inclusive. Ces stratégies seront identifiées à partir de deux situations d’enseignement-apprentissage en distanciel dans le cadre de formations universitaires dispensées 1) exclusivement en Langue de signes française (LSF) à des étudiants du diplôme universitaire de Formateurs de LSF de l’Université de Grenoble Alpes (projet MANES) et 2) à des étudiants de licence de l’Université Lumière Lyon 2. La situation inédite du distanciel généralisé semble avoir induit des stratégies de prélèvement d’indicateurs multimodaux (Kress cité dans Blanc et Rivière, 2019) pour la construction-appropriation des connaissances. Cela nous conduit à reconsidérer la centration sur la langue écrite comme unique moyen de dispenser et de mobiliser les savoirs.

Enjeux actuels et émergents de la pratique de l’interprétation en milieux scolaires dans une perspective inclusive
Geneviève Bujold (UQAM – Université du Québec à Montréal)

Résumé

Dans le contexte scolaire actuel, l’une des mesures disponibles pour les élèves sourds‧es ou malentendants‧es est la présence d’un interprète scolaire. Toutefois, la présence de l’interprète en salle de classe peut donner une (fausse) impression que l’inclusion de l’élève sourd‧e ou malentendant‧e est entièrement prise en charge puisqu’il y a un transfert linguistique de la langue A vers la langue B. Comme les objectifs pédagogiques et spécifiques ont un impact direct sur les choix interprétatifs faits par l’interprète, les bonnes pratiques contribuent à ce que la vie scolaire soit saine, les apprentissages et les évaluations soient équivalents et que l’élève s’épanouisse dans un parcours qui l’amènera jusqu’à sa diplomation. Néanmoins, les personnes qui gravitent autour de l’élève, telles que l’équipe-école, les camarades de classe ou les parents, ne sont pas pleinement conscients des aspects linguistiques et sociaux-culturels avec lesquels l’élève et l’interprète composent au quotidien. Dans le cadre de cette présentation, et inspirée de notre enseignement de l’interprétation en milieux scolaires de la nouvelle majeure en interprétation français-LSQ à l’Université du Québec à Montréal, nous proposons un regard critique sur les modèles actuels et émergents dans la pratique d’interprétation scolaire et comment la posture d’interprète s’actualise dans le contexte d’une éducation inclusive.

Des histoires immersives en LSQ : un outil de littératie des enfants sourds menant à une réelle inclusion et participation sociale
Cynthia Benoit (Services linguistiques CB)

Résumé

Les signeurs sourds de 0 à 5 ans qui ont appris une langue des signes très tôt sont en mesure de lire des phrases complexes plus rapidement et de répondre aux questions reliées de manière plus adéquate que des enfants ayant appris la langue des signes tardivement (Traxler et al., 2014). L’accès à la langue des signes et à la langue écrite renforce le développement langagier et la lecture de l’enfant, procurant un avantage bilingue non négligeable (Kovelman, et al., 2013, 2014, 2015). Aussi, lire constitue une des tâches les plus difficiles pour les enfants. Or, en assurant un accès précoce à la langue des signes, cela permet aux enfants sourds de développer des compétences réceptives et ainsi être plus aptes à développer leurs compétences littéraires (Allen, 2015, Stone et al., 2015). Il y a plusieurs stratégies qui peuvent motiver les enfants sourds à lire tout en les gardant engagés et disponibles à apprendre une langue (Herzig, 2009). Les histoires immersives en LSQ et en français constituent une de ces stratégies qui, en plus de permettre aux enfants de cultiver leur intérêt pour la lecture et, par ricochet, d’améliorer leurs habiletés littéraires, constituent une porte d’entrée non seulement vers la langue des signes et la culture sourde, mais aussi vers la culture québécoise. Nous explorerons comment cet outil favorise l’acquisition du français ainsi que le développement des attitudes positives envers l’apprentissage de la lecture chez les lecteurs sourds émergents.

Pourquoi pas la synthèse vidéo?
Kathleen Bull (école st-jude)Simon Lafantaisie (UQO – Université du Québec en Outaouais)

Résumé

Dans les écoles du Québec, certains élèves utilisent la synthèse vocale pour la lecture de textes. Cependant, cette aide technologique est difficilement accessible pour les élèves ayant une déficience auditive. Grâce à la synthèse vidéo, des œuvres de littérature jeunesse ont été adaptées visuellement, dans trois modes de communication utilisés au Québec, contournant ainsi la barrière auditive. Les trois modes de communication sont l’Oral (lecture labiale), la Langue franco-québécoise parlée complétée (LPC) et la Langue des signes québécoise (LSQ). La communication présentera ce projet et comment l’utilisation de la synthèse vidéo peut favoriser l’actualisation du potentiel des élèves ayant une déficience auditive.

La synthèse vocale vue autrement pour la clientèle sourde et malentendante
Hélène Boulanger (Centre de service scolaire de Montréal), Chantal Turcotte (École secondaire Lucien-Pagé, secteur des Sourds)Julie Raymond (CSSDM), Cynthia Benoit (Services linguistiques CB)

Résumé

Pour une personne présentant un problème auditif, la synthèse vocale est difficilement accessible. Cette situation cause préjudice à certains de ces élèves qui présentent des difficultés marquées et persistantes en lecture. Afin de pallier la synthèse vocale, nous proposons l’utilisation de capsules vidéos avec interprétation LSQ ou orale comme mesure d’adaptation. Ainsi les élèves sourds et malentendants peuvent démontrer leurs compétences et leurs connaissances au-delà de leur difficulté de décodage en lecture. En 2015, le comité des mesures d’adaptation de l’école Lucien-Pagé met en place un premier projet pilote. Notre démarche nous a conduites à revisiter les mesures d’adaptation permises au Guide de sanction des études afin de répondre aux besoins des élèves et bénéficier des avantages que peuvent offrir les TIC. La mesure résultante consiste à transmettre le matériel écrit en capsules vidéos dans lesquelles le contenu est interprété en LSQ ou à l’oral. Ainsi, au lieu d’être tributaire de la présence d’un adulte accompagnateur, l’élève qui a accès à ces capsules peut gérer lui-même et à son rythme, le contenu de ses épreuves. De plus, cette mesure assure davantage l’uniformité et la neutralité de l’information transmise. Les capsules vidéos LSQ/oral sont maintenant reconnues par le ministère de l’Éducation. Il s’agit d’un outil de plus pour les élèves sourds et malentendants leur permettant de démontrer leur plein potentiel académique.

Site Web multifonctionnel gratuit et convivial pour les élèves ayant un trouble de langage ou de surdité ; facilitant la communication dans toutes les sphères : Signes pour dire
Mélanie-Anne Thomassin (Ecole Joseph-Paquin), Anne-Sophie Boucher (École spécialisée Joseph-Paquin)

Résumé

Nous avons développé une aide technologique qui se nomme « Signes pour dire » afin d’appuyer les élèves, ayant un trouble sévère du langage et/ou une surdité. Celle-ci est utilisée lors de leur échange communicationnel, leur intégration dans la société et leur parcours scolaire. « Signes pour dire » est utilisé comme repère dans toutes les matières pour rendre l’élève autonome dans ses apprentissages. Cet outil est principalement l’arrimage des moyens de communications signés, d’illustrations utilisés à des fins de références et de création de matériel pédagogique. Il est employé de multiples façons avec plusieurs types d’appareils numériques. (iPad, cellulaire, TNI, etc.) Cet outil a été développé par l’équipe de l’école Joseph-Paquin en collaboration avec plusieurs partenaires dont le gouvernement de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, le Centre de services des Premières-Seigneuries, le CIUSSS de la Capitale Nationale et la Fondation des Sourds du Québec. Sa conception a été réalisée en collaboration avec la compagnie Altilogix.

Lexique LSQ : du vocabulaire pédagogique par matière scolaire
Hélène Boulanger (Centre de service scolaire de Montréal)Julie Raymond (CSSDM), Cynthia Benoit (Services linguistiques CB)Chantal Turcotte (Centre de services scolaire de montréal)

Résumé

En juin 2020, en collaboration avec le service national du RÉCIT et le MÉQ, le comité MA-SDS lance le site www.lexiquelsq.ca, permettant de favoriser l’accessibilité et de réduire les situations de handicap vécues par les élèves sourds. L’enseignement en langue des signes des différents domaines du programme de formation de l’école québécoise demeure un défi important. L’apparition continue de nouveaux termes techniques et l’obligation de créer un équivalent en langue des signes causent une disparité d’interprétation d’une région à l’autre. À cela s’ajoutent les difficultés occasionnées par le transfert de connaissances lorsque, d’une année scolaire à l’autre, l’élève est confronté à un vocabulaire pédagogique similaire à l’écrit en français, mais différent en LSQ. Le lexique LSQ se veut un outil visant à uniformiser le lexique terminologique scolaire qui n’est pas d’usage quotidien. Toutes les vidéos ont été produites par le service linguistique Cynthia Benoit. Leur expertise en création lexicale en LSQ fut essentielle à la qualité et la fiabilité du lexique. Ainsi, la création de signes par ces spécialistes respecte les conventions sociolinguistiques de la LSQ. Sur le site, vous pourrez remarquer, dès votre entrée, de multiples photos de mains utilisées pour le classement par configuration manuelle, paramètre important de la formation des mots en LSQ. Enseignants, interprètes, parents et élèves peuvent maintenant bénéficier d’une référence commune grâce au lexique LSQ.

Développement d’une application de dictionnaire en langue des signes québécoise-français
Jérôme Blanchette (Communicasigne), Yves Blanchette (CommunicaSigne), Sylvain Letscher (Université du Québec à Rimouski), Audrey Dupont (Université du Québec à Rimouski/Université de Montréal/CHU Ste-Justine), Claire Moussel (Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs), Mohamed Tarik Moutacalli (Université du Québec à Rimouski)

Résumé

Au Québec, faire l’apprentissage de la langue des signes québécoise (LSQ) peut se réaliser en dehors d’un milieu scolaire principalement grâce à des cours en présentiel, mais également en virtuel de même qu’à la majeure en interprétation à l’Université du Québec à Montréal. Toutefois, il n’existe actuellement aucun dictionnaire LSQ-Français où il est possible d’y retrouver non seulement le mot signé, mais également sa définition en LSQ. Cette communication vise à présenter les étapes de développement d’une application dictionnaire LSQ – français. Afin de faciliter l’apprentissage de la LSQ pour les jeunes vivant avec une surdité, leurs proches, les personnes amenées à intervenir auprès d’elles ou le grand public, cette application contiendra une interface dictionnaire intégrée avec le mot/signe et sa définition en français écrit et en LSQ. L’objectif est d’intégrer aussi des variantes régionales et générationnelles des signes de même qu’une oralisation des mots. Contrairement à des répertoire de signes, cette application prend en considération la recherche du mot par ordre alphabétique, mais également par configurations manuelles, par lieu d’articulation et par catégorie thématique. Cette présentation expliquera les étapes d’analyse et le processus de création de cette application.

Remerciements :

L’équipe organisatrice du colloque remercie le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et l’équipe Pratiques sociales et Surdité, financée par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture, pour leur soutien financier et l’ACFAS pour leur autorisation de diffusion ouverte et gratuite des conférences.

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