Par Amélie Cournoyer
La sécurité des jeunes qui jouent, marchent et font du vélo dans nos rues demeure une préoccupation commune à tous les parents. Et celle-ci se transforme en véritable inquiétude pour ceux qui ont un enfant vivant avec une surdité. Une signalisation routière indiquant leur présence dans le secteur pourrait faire la différence.
Près des écoles et dans certains quartiers résidentiels, il est fréquent de voir des panneaux de signalisation illustrant des écoliers qui sortent d’un autobus scolaire ou un enfant qui court derrière un ballon. Ceux-ci visent à améliorer la sécurité routière des jeunes en rappelant aux automobilistes de ralentir et de redoubler de vigilance.
Dans le même ordre d’idée, certains parents d’enfant vivant avec une surdité souhaitent sensibiliser les conducteurs à la présence dans le secteur d’un jeune qui pourrait ne pas les entendre venir ou klaxonner en cas de danger.
Vous êtes parent d’un enfant vivant avec une surdité ?
Si vous désirez faire installer un panneau de signalisation avec le pictogramme de l’oreille barrée dans votre quartier, n’hésitez pas à en faire la demande à votre conseiller municipal ou à téléphoner à votre municipalité pour savoir à qui vous adresser. Ce type de requête est rare, mais pas impossible.
Au Québec, ces dernières années, cette signalisation est entre autres apparue dans les rues de Métabetchouan–Lac-à-la-Croix, de Saint-Félicien, de Saguenay et de Sherbrooke.
À noter, plusieurs entreprises vendent ce panneau en ligne. Or, vous ne pouvez prendre l’initiative d’en installer un devant votre résidence sans avoir fait une demande d’autorisation à votre municipalité au préalable. Celle-ci pourrait d’ailleurs l’enlever si elle juge que c’est un affichage illégal.
Attention au faux sentiment de sécurité !
L’efficacité du panneau de signalisation indiquant la présence d’une personne malentendante est parfois contestée. On rapporte entre autres qu’il ne remplit pas toujours sa fonction de ralentir le trafic ou que beaucoup d’automobilistes en viennent à ne plus y porter attention avec le temps.
Un autre risque, c’est que la signalisation donne un faux sentiment de sécurité aux parents et à leurs enfants. En d’autres mots, celle-ci ne constitue pas une protection absolue. Elle ne remplace ni la supervision parentale ni l’éducation à la sécurité routière des jeunes vivant avec une surdité dès leur plus jeune âge.
Certains parents ont pour leur part rapporté que, même si le panneau encourage les automobilistes à ralentir dans leur quartier, leur enfant en est venu à considérer la signalisation comme embarrassante en vieillissant. Ceux-ci ont donc adressé une demande à la municipalité pour la faire retirer.
Cela dit, des familles rapportent avoir constaté des impacts positifs (p. ex. : ralentissement des véhicules, vigilance accrue des automobilistes). Tout semble dépendre du type de voie sur laquelle la signalisation est installée, de sa distance avec le domicile de l’enfant sourd ou malentendant et de sa lisibilité. La meilleure chose à faire, finalement, est d’étudier les possibilités avec votre municipalité !
Vous êtes le représentant d’une municipalité ?
Il est possible que vous receviez une demande pour l’installation d’un panneau de signalisation afin de signifier la présence d’un enfant malentendant dans une rue. Sachez que c’est une option peu coûteuse pour améliorer sa sécurité et qui peut faire une réelle différence.
Afin de déterminer le meilleur emplacement pour ce panneau, il importe de considérer la distance de freinage d’un véhicule, qui est évaluée à 15,5 mètres à une vitesse de 30 km/h et de 31,2 mètres à 50 km/h. Il est donc recommandé d’installer la signalisation à une certaine distance de la résidence de l’enfant, en fonction de la limite de vitesse sur sa rue, plutôt que directement devant sa maison. Cette installation à distance du domicile permet aussi de préserver un certain « anonymat » pour l’enfant. Un panneau de chaque côté de la rue devrait également être envisagé.
D’autres mesures pour assurer la sécurité routière des enfants
Si vous doutez qu’un simple panneau signalant la présence d’un malentendant réussisse à changer le comportement des automobilistes dans le secteur, vous pourriez en outre envisager la possibilité d’ajouter :
- une limite de vitesse à 30 km/h ;
- le panneau de signalisation d’un enfant qui joue avec un ballon ;
- un afficheur de vitesse (radar pédagogique) ;
- des dos d’âne.
Pour ralentir le trafic d’autres mesures sont possibles, telles que l’élargissement des trottoirs, l’aménagement d’un terre-plein central de même que la création de pistes cyclables surélevées ou non.
Finalement, il ne faut pas oublier que toutes ces mesures visant l’amélioration de la sécurité routière ne bénéficieront pas seulement à l’enfant vivant avec une surdité, mais à l’ensemble des jeunes qui se déplacent et qui jouent dans les rues du quartier.
Voilà un bel exemple de démarche d’accessibilité universelle !
Sources :
- GOBEIL, L. (2020). Une rue transformée pour protéger un enfant malentendant, ICI Saguenay–Lac-Saint-Jean, [en ligne], https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1739917/hubert-enfant-sourd-panneau-signalisation.
- KENNEDY, S. (s.d.). The Deaf Child Sign: Does It Work?, Colorado Families for Hands & Voices, [en ligne], https://www.handsandvoices.org/articles/education/advocacy/14-1_streetsign.htm.
- LAFORTUNE, E. (2021). Une nouvelle signalisation pour assurer la sécurité d’une enfant atteinte de surdité, ICI Estrie, [en ligne], https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1820529/handicap-sourd-securite-pieton-sherbrooke.
- SAAQ. (2020). « Chronique SAAQ – Les zones scolaires », Le journal de Lévis, [en ligne], https://www.journaldelevis.com/1120/Société_.html?id=78534.
- VÉLO QUÉBEC. (s.d.). Modération de la circulation, [en ligne], https://velosympathique.velo.qc.ca/ressources/moderation-de-la-circulation/.