Extrait du numéro 208 de la revue Entendre : Métiers de la surdité
Eva Dufresne
La découverte de ma surdité
Je m’appelle Eva Dufresne, j’ai 17 ans et je suis en secondaire 4. Voici l’histoire que j’ai vécue avec ma surdité et qui pourrait vous intéresser… Mes parents m’ont adoptée en Chine lorsque j’avais six mois.
Tout allait bien sauf que, plus tard, ils ont pressenti que j’étais sourde et ont consulté un ami médecin. Pour vérifier, mes parents m’ont amenée faire mon premier audiogramme à l’Hôpital Sainte-Justine, j’avais à peine 9 mois. Alors, ils ont appris que j’étais sourde, mais plutôt malentendante parce que je pouvais utiliser des appareils. J’étais contente de les porter même si le son n’était pas parfait. Cependant, je me débrouillais bien.
Normand Cerrat a été mon premier audioprothésiste et m’a toujours soutenue et encouragée à porter mes appareils. C’est certain que je ne parlais pas beaucoup et que je répétais mal les mots que mes parents et leurs amis me disaient. Mes parents m’emmenaient toutes les semaines voir une orthophoniste à l’IRD (Institut Raymond-Dewar).
Ma vie scolaire
Ensuite, j’ai commencé la prématernelle à l’école Saint-Enfant-Jésus et j’ai eu la chance de voir plusieurs orthophonistes tous les jours comme Kassiba et Lucie. Elles m’ont énormément aidée dans le domaine de la langue afin que je puisse bien parler et bien m’exprimer.
À ma 4e année du primaire, j’ai dû partir à l’école secondaire Georges-Vanier pour terminer mon primaire. Pour moi, cela a été une grosse étape et pas super facile au début mais ce n’est pas le cas de tous les enfants sourds! Je ne me décourage pas souvent, je ne baisse pas les bras quand je vis des moments difficiles. Ce n’est pas du tout mon caractère et ça ne fait pas partie de ma personnalité.
Ne pas se décourager
Je suis une fille courageuse, persévérante et j’aime aider les autres, leur montrer à quel point un enfant handicapé auditif, visuel, physique ou mental peut aller très loin s’il le veut. On a toujours un merveilleux talent caché en nous qu’on peut développer et grâce auquel on peut impressionner notre famille et toute autre personne. Nous sommes des personnes avec autant de potentiel que les personnes entendantes.
La suite de mon parcours
En février 2007, j’ai été opérée pour avoir un implant. Cela n’a pas été évident comme choix et cela a pris du temps avant que je me décide! Après mon opération, j’ai rencontré une nouvelle orthophoniste spécialisée dans le développement de la communication chez les enfants implantés. Elle se nommait Anne et je la trouvais géniale. Grâce à elle, j’ai pu apprendre à communiquer et à comprendre les conversations sans la lecture labiale, mais seulement avec mon oreille gauche, mon oreille implantée.
J’ai aussi changé d’audiologiste. Maintenant c’est Manuel Charbonneau et Caroline Tremblay qui s’occupent de la programmation de mon implant; je les vois une fois par année.
Pour terminer, aujourd’hui, je n’ai pratiquement plus besoin d’orthophoniste. Je peux vous dire que je suis vraiment ravie d’avoir eu une telle aide dans ma vie de personne malentendante et je souhaite cette chance à tous les enfants. Mais surtout, il faut les laisser grandir et regarder leurs points forts et non leurs faiblesses.