Vivre avec la surdité

Préparer l’entrée en maternelle

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L’entrée à la maternelle est une étape importante pour votre enfant. Il s’agit du début de ses apprentissages scolaires et de l’accroissement de ses habiletés sociales. Tous des points qui le mèneront à grandir, à devenir autonome, et à faire des choix d’avenir, un jour. On comprend alors que son appréciation de l’école, son intégration adéquate et optimale au milieu et l’accessibilité de l’enseignement et des contacts sociaux soient si importants.

Bien sûr, pour donner à l’enfant la motivation nécessaire et le goût de l’école, il doit y prendre plaisir! Mais aussi être bien accompagné et encouragé par vous, son parent.

Voici des conseils généraux, en lien avec la surdité de votre enfant, afin de mieux préparer son entrée en maternelle et assurer une année harmonieuse!

Préparer votre enfant

Interactions sociales

  • Apprenez à votre enfant à formuler des demandes claires et polies;
  • Aidez votre enfant à mettre des mots sur ses ressentis, apprenez-lui à identifier ses émotions (par exemple en se servant de dessins, de pictogrammes);
  • Utilisez des jeux de société pour apprendre le tour de rôle (en plus de plein d’autres compétences : mémoire, motricité, chiffres, couleurs, assemblages, nouveaux mots, etc.);
  • Gardez en tête que la surdité est un handicap invisible qui touche la communication. Sensibilisez les autres enfants de la classe et de l’école à la surdité, avec l’aide du centre de réadaptation et/ou de l’AQEPA et apprenez-leur comment communiquer adéquatement avec votre enfant selon les stratégies de communication que vous avez instaurées ;
  • Encouragez votre enfant à jouer avec les autres. Gardez en tête qu’il peut vivre du rejet, de l’incompréhension, ou une fatigue d’adaptation. Si cela arrive, encadrez-le et aidez-le à s’exprimer, à nommer ses difficultés, à s’affirmer, à trouver sa place.

Autonomie

  • Amenez votre enfant à être le plus autonome possible physiquement (toilette, habillement, lavage de mains, mouchage, etc.);
  • Encouragez-le à faire des choses par lui-même : ramasser sa chambre, ses jouets, se préparer;
  • Aidez-le à prendre des décisions. S’il choisit la forme de sa sculpture, de l’habillement de ses toutous, c’est bon! Questionnez votre enfant à ce sujet, établissez une discussion;
  • Aidez-le à gérer le moment du dîner en l’impliquant dans la préparation de ses lunchs : nommez les aliments, les contenants, les ustensiles. Faites des pique-niques ou des mises en situation amusantes ;
  • Amenez-le à identifier ses besoins physiques et psychologiques et ses limites, notamment en lien avec la surdité (fatigue communicationnelle, communication mal émise, etc.);
  • Apprenez-lui le nom complet de ses parents, de ses frères et sœurs;
  • Apprenez-lui à mieux connaître son environnement, à mettre des mots sur l’endroit où il vit, à découvrir concrètement son quartier ou sa ville. Ceci lui permettra de développer sa propre image, son autonomie et sa « cartographie » intérieure.

Stimulation langagière

  • Rappelez-vous qu’un enfant vivant avec une surdité ne perçoit pas toujours, ou pas complètement, ce qui est dit autour de lui. Or la stimulation langagière est essentielle pour tous les enfants. Son développement langagier devra donc passer par des ajustements, des adaptations, des compensations… et de multiples sources de stimulation. 
  • Utilisez adéquatement le(s) moyen(s) de communication privilégié(s) pour votre enfant; Si vous ne communiquez qu’à moitié… votre enfant en fera de même!
  • Assurez-vous pendant les repas et les rencontres de famille que votre enfant a accès à la conversation en respectant les stratégies de communication (débit raisonnable, une personne à la fois, articulation claire);
  • Favorisez l’expression claire de ses besoins et de ses sentiments en proposant plusieurs mots : « as-tu faim ou soif? », « Es-tu fatigué ou fâché? » ;
  • Sautez sur toutes les occasions pour favoriser le bain linguistique, en posant des questions avec plusieurs qualificatifs, des nouveaux mots que vous expliquez, décrivez des situations ou des objets : « Préfères-tu ton pyjama bleu pâle à manches courtes, ou ta longue jaquette rouge? » « Raconte-moi ce que tu as préféré manger en voyage et où étions-nous? »

Apprentissages et réussites

  • Évitez les écrans, encouragez le jeu, le dessin et la lecture;
  • Fréquentez ensemble la bibliothèque, faites-en une belle et grande sortie;
  • Ayez des livres à la maison, des dessins, des photos, un globe terrestre, un dictionnaire : ce sont de formidables supports pour apprendre de nouveaux mots!
  • Mettez à la disposition de l’enfant des objets stimulant sa littératie et sa numératie : livres, lettres amovibles ou magnétiques, tasses à mesurer, cubes, règles, dominos, boutons, dés, jeux de société, etc.;
  • Lisez ensemble une histoire chaque jour, apprenez des mots nouveaux, ajoutez des signes, commentez les illustrations. De plus, si vous lisez pour vous, votre enfant vous imitera;
  • Favorisez les questionnements de votre enfant, et cherchez les réponses ensemble (livres, documents, internet);
  • Sensibilisez votre enfant à la présence des lettres et des chiffres. « Oh, sur l’affiche il est indiqué que… » « Ah, tu m’as apporté trois toutous, où est le quatrième? »;
  • Proposez des activités adaptées à son niveau, et augmentez la difficulté peu à peu;
  • Profitez-en pour nommer les jeux, les techniques, les objets et les couleurs. 
  • Stimulez ses 5 sens! Jouez, explorez avec le goûter, le toucher, l’odorat, la vue … et l’ouïe
  • Aidez votre enfant à apprendre à se concentrer et à terminer les tâches;
  • Transformez les apprentissages en jeux! Malgré la stimulation langagière nécessaire, il faut que cela demeure amusant et varié pour l’enfant!

En bref… Stimulez constamment!

Stimulation physique et motrice

  • Faites travailler sa proprioception (la perception de la position des différentes parties de son corps) et sa motricité globale : activités physiques diverses, notamment du tronc et des bras, amélioration du tonus pour préparer l’écriture (jeux avec un ballon, des bâtons, jeux de raquettes, râteaux et balais, dessiner à plat ventre, etc.);
  • Faites travailler sa motricité fine : faire des boules, des rouleaux, aplatir, écraser de la pâte à modeler, jouer avec des contenants et leurs couvercles (tirer, pousser, visser, dévisser), jouer avec des pinces diverses pour attraper petits et gros objets, dessiner de différentes manières (avec les doigts sur papier avec de la peinture, dans le sable, avec plusieurs types et grosseurs de crayons et outils…);
  • Faites travailler son équilibre : tricycle, draisienne puis vélo, progressivement; sauter à la corde, marcher sur une bande surélevée, sauter et descendre d’une marche, jouer à la marelle, sauter dans des cerceaux, jouer au parc et dans les structures pour enfants, etc.

Découverte et transition

L’entrée à l’école peut causer beaucoup de nervosité : c’est toute une nouveauté! Afin de faciliter la transition vers ce nouvel environnement, voici quelques conseils faciles à mettre en place : 

  • Lorsque c’est possible, visitez l’école ou la maternelle d’avance avec votre enfant. allez quelques fois jouer dans la cour d’école;
  • Parlez positivement de l’école avec votre enfant. Parlez de vos inquiétudes d’adulte seulement entre adultes. À votre enfant, consacrez le positif : les encouragements, dites-lui votre fierté de le voir franchir cette étape;
  • Offrez-lui l’opportunité d’exprimer ses inquiétudes. Rassurez-le, indiquez-lui les étapes et les nouveautés;
  • Questionnez-le sur ses journées;
  • Encouragez énormément votre enfant!

Préparer son école

Plan d’intervention et adaptations

Votre centre de réadaptation peut vous aider en offrant des conseils concernant les besoins de votre enfant, et les possibilités qui s’offrent à vous concernant le choix de son école, selon ses moyens de communication, son niveau de surdité et la présence ou pas de difficultés autres. Mais n’oubliez pas, la décision doit être la votre! 

Vous pourrez également aborder avec l’équipe les adaptations et aides techniques à mettre en place, dans le plan d’intervention de votre enfant : système FM, éducatrice spécialisée ou interprète, orthophonie…  Plusieurs mesures de soutien peuvent être recommandées et mises en place selon ses besoins.

Contactez l’école à l’avance : si vous souhaitez inscrire votre enfant dans son école de quartier, il est possible que la direction et l’équipe pédagogique ne soient pas sensibilisées à la surdité et ses impacts. Entourez-vous de l’équipe pluridisciplinaire en réadaptation, et si nécessaire, de l’AQEPA, pour vous accompagner!

Surdité et espace de classe

L’aménagement de la salle de classe et l’emplacement de l’élève dans la classe doit prendre en considération : 

  • quelle est la meilleure oreille de l’enfant,;
  • la distance adéquate entre l’enfant et l’interprète ou la TES ou l’enseignante pour la lecture labiale; 
  • l’usage adéquat du système MF (doit être débranché lors des travaux d’équipe sinon l’enfant entendra seulement la professeure); 
  • la spatialisation adéquate pour que l’enfant puisse faire de la lecture labiale sur toutes les personnes de la classe ou une reformulation systématique des questions par l’enseignante.

Gardez en mémoire :

Il est essentiel de respecter le rythme de votre enfant, tout en lui offrant différentes sources de stimulation et de développement de son autonomie, en l’encourageant constamment, en lui montrant votre fierté, tout en évitant de lui mettre une pression qui serait nuisible, cumulée à la fatigue d’adaptation. 

La surdité apporte des défis communicationnels supplémentaires : gardez confiance et courage, stimulez, soyez présent, communiquez adéquatement et entourez-vous!

Rédaction : Marie-Andrée Boivin, pour Plaisir de lire
Révision : Jenny-Kate Proulx, Claire Moussel (AQEPA Provinciale)
L’Agence de la santé publique du Canada a contribué financièrement à la production de ce document. Les vues exprimées ici ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Agence de la santé publique du Canada.
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