Vie scolaire

Face à l’intimidation

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Geneviève Nadeau livre aux parents un aspect de son vécu afin que ceux-ci aient un œil sur leur jeune, puisque l’école est un des lieux où un jeune est susceptible d’être confronté à des comportements inadéquats.

Ma surdité a été découverte très tôt parce que j’étais peu verbale. On m’a appareillée, mais la découverte de tous ces bruits, m’effrayait. Ma mère me stimulait en découpant des mots pour me les faire apprendre.

De 5 à 12 ans

Il a fallu sensibiliser les professeurs au système F.M. pour que j’entendre leur voix plus que les bruits ambiants. En 3e année, on a voulu m’envoyer dans une classe spéciale pour jeunes handicapés ; je suis finalement restée dans mon école, mais j’ai dû reprendre ma 3e année et j’ai perdu les amis avec lesquels je cheminais depuis la maternelle. J’étais la seule qui présentait ce handicap dans mon école. Les jeunes étaient méchants, me bousculant et même me tabassant ; je préférais rester seule. J’en suis même arrivée à me coucher très tard pour avoir l’air « maganée » et je me faisais vomir pour ne pas aller à l’école. J’en ai parlé à ma mère, mais le professeur disait que tout allait bien, préférant ne rien dire.

De 13 à 17 ans

La 6e année a été la pire de toutes. J’ai eu une interprète, mais en LSQ alors que j’étais oraliste, l’adaptation au milieu, aux déplacements, aux professeurs. J’ai eu du temps supplémentaire pour faire les examens, seule dans un local. Ça m’aidait, mais les autres disaient que je trichais. Je me faisais bousculer et humilier et j’ai commencé à avoir des pensées suicidaires. J’ai été dirigée vers une en psychologue qui vivait avec une surdité.

En secondaire IV, je devais présenter un texte argumentaire en français oral ; je me suis inspiré de mon problème auditif et ai présenté ce que je vivais. J’ai eu un succès incroyable en touchant autant les élèves que mon professeur. Ceci a eu pour effet d’arrêter l’intimidation. Au Cégep, j’ai choisi la psychologie : nouvelles adaptations, nouvelle interprète LSQ… J’ai eu de la difficulté à obtenir les services ; seulement certains professeurs collaboraient. Je rappelle aux parents et aux jeunes qu’il faut se battre pour obtenir des services puisque c’est un droit pour nous. Lors de la deuxième année j’ai développé de la confiance en moi, en prenant ma place, en créant des liens et en demandant de l’aide. J’ai fait la paix avec le passé et pardonné ; c’est le moyen de surmonter ses blessures et de les dépasser.

L’intimidation

Il semble que 52% des jeunes du primaire se font intimider ; la personne a peur de dénoncer ses agresseurs. Parents, soyez attentifs à vos jeunes afin pour qu’ils puissent se confier s’ils ont des problèmes. Maintenant, il y a des lois qui doivent être appliquées dans les écoles et qu’il faut faire respecter. Tous, nous devons dénoncer ces abus. L’intimidation doit être punie, des excuses doivent être faites à la victime si celle-ci est d’accord, mais il faut aussi faire le suivi ; avec les contrevenants.

Propos recueillis par Christianne Giard

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