Espace pour les professionnels

Des aides de suppléance à l’audition de plus en plus performantes

top_aides_suppleance_audition_performantes

Extrait du numéro 217 de la revue Entendre : Trucs, astuces et nouveautés pour mieux communiquer

Jeanne Choquette, membre d’Audition Québec

S’il est un domaine dans lequel la technologie avance à la vitesse grand V, c’est bien celui des aides de suppléance à l’audition (ASA).

Les ASA

Les ASA permettent aux adultes et aux enfants, porteurs d’appareils auditifs ou d’implants cochléaires, de mieux entendre dans des situations où l’orateur est placé à une certaine distance, se déplace beaucoup (créant des difficultés pour la lecture labiale), ou dans les cas où il y a beaucoup de bruit ambiant.

Avant d’aller plus loin, je dois préciser que je ne suis pas du tout une spécialiste, je ne suis pas une audiologiste ou audioprothésiste. Je suis simplement une personne très friande de « gadgets » électroniques, qui est graduellement devenue complètement sourde, et qui a la chance d’avoir maintenant deux implants cochléaires. Mon analyse des systèmes ci-dessous est strictement personnelle, pas scientifique, et surtout pas exhaustive.

Durant les cinq années avant de recevoir mon premier implant (en 2010), j’ai eu la chance de pouvoir utiliser un système MF Smartlink de Phonak. Il m’a été extrêmement utile, mais à un moment donné ça n’était plus suffisant et à 50 ans, j’ai reçu mon premier implant, de la compagnie Advanced Bionics. J’ai commencé à utiliser les produits de la gamme Roger de Phonak. Je suis donc en mesure de vous dire que la différence entre le système MF et les nouveaux micros sur le marché est phénoménale. Le son est vraiment d’une grande clarté, même si la portée, malheureusement, est plus petite qu’avec le système MF. Je suis confiante que ça viendra.

Il existe d’autres produits que ceux de la gamme Roger sur le marché bien sûr, mais comme ce sont ceux que j’utilise et que je connais bien, ce sont de quelques-uns de ces produits dont je vais vous parler dans cet article. Il s’agit en fait d’un extrait du document Les aides de suppléance à l’audition en milieu de travail, publié récemment par Audition Québec, et disponible pour téléchargement sur leur site.

Les émetteurs

Le Roger Pen

Le Roger Pen trône bien haut au sommet des ASA grâce à ses performances et à sa polyvalence. Il réduit le bruit de fond gênant et transfère le son clair de la voix d’un interlocuteur directement aux aides auditives ou aux implants cochléaires, lorsqu’on leur ajoute un petit récepteur spécial.

Je ne sors jamais de la maison sans mon Roger Pen. Tout d’abord, il est synchronisé avec mon téléphone cellulaire et me permet d’entendre la voix de mon interlocuteur clairement dans mes deux processeurs d’implants cochléaires en simultané. En stéréo! Presque mieux que pour un entendant, hi! hi!

Je m’en sers également quand je veux écouter la télé. Il est alors branché dans son socle directement sur la télé, et je reçois le son dans mes processeurs, ce qui me permet d’entendre des détails secondaires que je n’entendais pas avant, comme le chant des oiseaux en arrière-plan dans certaines scènes de nos téléromans qui se déroulent tous en été, hi! hi!

De la même façon, soit via le socle ou un câble spécial, le Roger Pen peut être branché dans n’importe quelle source audio : un ordinateur, une tablette, un iPod. Ça peut être très avantageux pour les travaux en classe ou les devoirs à la maison.

J’utilise aussi le Roger Pen dans des réunions. Je le place alors à l’horizontale au centre de la table, et il se met automatiquement en mode réunion. Il capte donc les voix de tous les intervenants autour de la table et me les transmets clairement.

Finalement, il peut aussi m’arriver de demander à un conférencier de porter le Roger Pen au cou, attaché par une lanière spéciale. Mais dans ces cas, je préfère utiliser le Clip-on Mic.

Le Clip-On Mic

J’adore le microphone Clip-On Mic. Petit, discret, solide, il me permet de comprendre tout ce que dit que mon professeur de yoga, situé à 20 mètres de moi, sans que j’aie à lever la tête (et perdre l’équilibre!) pour devoir lire sur ses lèvres. Il me permet d’aller déjeuner avec ma mère dans un restaurant bruyant (vous en connaissez qui ne le sont pas?) et de pouvoir relaxer et comprendre tout ce qu’elle dit.

Le Clip-on Mic doit nécessairement être porté à quelques centimètres de la bouche de l’interlocuteur (alors que le Roger Pen a une plus grande portée). Il peut être attaché par une pince ou porté avec une lanière. Un conférencier/ professeur peut ainsi le porter pour que la personne entende chaque mot distinctement, même à une distance de 10 à 20 mètres (une trentaine de pieds).

Il n’a pas de connectivité Bluetooth, mais un fil spécial peut être branché dans un téléphone intelligent pour entendre la voix d’un interlocuteur, ou écouter de la musique.

Le Roger Touchscreen Mic

Le Roger Pen et le Clip-on Mic décrits plus haut sont surtout destinés à une clientèle adulte, même si des enfants pourraient tout à fait en profiter. Le microphone Touchscreen, que je connais moins car je ne l’utilise pas, a lui été conçu spécifiquement pour une clientèle scolaire.

Ce micro s’apparente beaucoup au Roger Pen à cause de ses nombreuses fonctions (à une exception près : il ne peut être pairé avec un téléphone cellulaire via Bluetooth). Il est surtout utilisé par des enseignants qui ont des élèves porteurs d’implants ou d’appareils auditifs, et qui peuvent donc mieux entendre à distance lorsque le professeur porte le micro au cou avec une lanière. Il peut aussi être déposé sur la table au moment des travaux en équipe pour que l’élève puisse mieux entendre ses camarades. Également, il peut être pointé vers un seul interlocuteur.

L’avantage pour l’enseignant est que ce microphone peut être relié à plusieurs utilisateurs et qu’il a un écran tactile permettant de mieux contrôler les fonctions.

Il existe plusieurs autres accessoires destinés surtout aux enseignants, en lien avec le Touchscreen. Si ça vous intéresse, visitez cette page : www.phonakpro.com

Les récepteurs

Les trois types de microphones décrits précédemment sont des « émetteurs ». L’enfant aura aussi besoin d’un récepteur pour transmettre le son directement dans ses appareils ou dans son ou ses implant(s) cochléaire(s). Il y en a trois types.

Personnellement, j’utilise ce qu’on appelle un récepteur intégré au design, c’est-à-dire un ajout conçu expressément pour s’harmoniser avec un appareil auditif Phonak ou l’implant cochléaire Naìda, de Advanced Bionics.

Comme je suis avec Advanced Bionics, qui s’est associée avec Phonak, l’intégration est naturelle. Un avantage important de la gamme de produits Roger, c’est qu’il existe une panoplie d’adaptateurs pour fonctionner avec plusieurs modèles d’appareils auditifs et d’implants cochléaires provenant d’autres compagnies.

Par exemple, pour les implants cochléaires Nucleus 6, de marque Cochlear, il existe aussi un récepteur intégré au design, le Roger 14.

Le deuxième type de récepteur est le. Il ressemble beaucoup au récepteur MLxi utilisé avec les systèmes MF. Il se connecte à un sabot adapté spécialement pour l’appareil auditif utilisé.

Finalement, il est également possible d’utiliser le Roger MyLink +, un récepteur universel avec collier inductif, compatible avec toute aide auditive ou tout implant cochléaire doté d’une fonction T-Coil. Personnellement, je trouve que le son n’est pas aussi clair avec ce récepteur.

Le financement

Évidemment, tout ceci a un prix. À titre d’exemple, le prix de liste du Roger Pen est d’environ 1 500 $, celui du Clip-on Mic est de 1 000 $, celui du Touchscreen 2 000 $. Naturellement, un seul de ces trois micros suffit, mais il faut compter 1 600 $ à 2 000 $ supplémentaires pour deux récepteurs adaptés.

La RAMQ

La RAMQ ne finance des systèmes MF que dans certains cas bien précis (c’est assurément appelé à changer éventuellement car ils ne seront plus produits par les manufacturiers) et sa politique est la suivante : selon l’article 37 du règlement sur les aides auditives et les services assurés (RAASA), le système de modulation de fréquence n’est octroyé qu’aux enfants âgés de moins de six ans, aux personnes poursuivant des études post-secondaires ou ayant un handicap visuel au sens de la Loi. Pour bénéficier de l’attribution, ces personnes doivent absolument remplir les conditions d’admissibilité énumérées dans le règlement. Les étudiants des niveaux primaire et secondaire ne sont pas admissibles à l’octroi du système, lequel est fourni par les centres de services scolaire. La Régie n’assume donc pas les coûts d’achat et de réparation des systèmes octroyés par les centres de services scolaire (source : Marjorie Noël, conseillère au programme des aides auditives, RAMQ).

Tous les deux ans, à l’aide d’un comité d’experts, la RAMQ révise la liste des appareils qu’elle rembourse. Cette révision est en cours en ce moment, et une nouvelle liste devrait voir le jour en principe avant la fin de l’année 2017. On peut espérer que le virage technologique sera entamé!

À l’école

Si votre enfant est au primaire ou au secondaire, les nouvelles sont encourageantes. Dany Lasablonnière, vice-président chez Oreille Bionique, un des fournisseurs des centres de services scolaire en matière d’aides de suppléance à l’audition, me confirme qu’elles ont emboîté le pas avec le Roger TouchScreen Mic, un produit qui, selon lui, répond parfaitement à la nouvelle réalité du monde scolaire.

Il m’informe aussi que les centres de services scolaire gèrent un budget octroyé par le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur en fonction du nombre de dossiers ayant une cote de difficulté en surdité.

Et si votre enfant est au Cégep ou à l’Université, c’est assurément un cadeau très précieux à offrir, si vous en avez les moyens.

Les nouvelles technologies en matière d’audition ouvrent tout un monde aux personnes malentendantes!

 

Merci à Dany Lasablonnière, viceprésident chez Oreille bionique, pour les précieux renseignements.

Photos tirées du site www.phonak.com

Aller au contenu principal