Les modes de communication

Présenter les modes de communication

path leads to decision which changes the path in two directions

Différentes approches existent concernant la réadaptation en déficience auditive. Elles ont pour but d’offrir à l’enfant ayant une surdité un accès à la communication en fonction de ses capacités mais aussi de la présence ou non de restes auditifs ou d’aides auditives (appareils ou implant cochléaire).

Pourquoi présenter toutes les options?

Idéalement, ces différentes approches communicationnelles devraient être présentées aux parents comme autant de possibilités pouvant aider leur enfant.

Toutefois, on constate que:

  • ces différentes approches ne sont pas nécessairement offertes partout,
  • le choix des parents pour un mode plutôt qu’un autre pourra être influencé par le mode de scolarisation qui sera envisagé (qui peut être lié à la région où vit la famille!) et aux  ressources et supports pouvant être offerts en milieu scolaire.

Ainsi, il arrive malheureusement que dans certaines régions, la LSQ ne soit pas présentée comme une option possible puisqu’il y aurait par la suite de grandes difficultés à trouver une interprète qualifiée pour accompagner l’élève à son entrée à l’école.

Est-ce juste de limiter les possibilités offertes à un enfant parce qu’il serait né à par exemple à Matane plutôt qu’à Montréal? Non. Et malheureusement, tant que la demande ne sera pas là, les services ne le seront certainement pas… et le serpent continue de se mordre la queue.

Pourtant, chercheurs, professionnels et parents eux-mêmes s’entendent pour rappeler le message que nous portons aussi :

  • Les parents doivent avoir connaissance de toutes les voies possibles pour développer le langage de leur enfant, en comprenant leurs avantages et leurs limites.
  • Ils peuvent également essayer, changer, adapter, compléter, en fonction de l’évolution et des préférences de leur enfant, en fonction de son développement, de ses capacités (et des leurs aussi!).

Il s’agit donc d’un choix qui doit être éclairé et qui peut être évolutif.

Nous constatons de plus en plus à quel point ces approches peuvent être combinées les unes aux autres, une fois rendus dans le contexte scolaire. Et c’est bien logique! Quand certaines permettront de donner accès au sens, d’autres permettront de décrypter la prononciation ou les phonèmes, ou encore la syntaxe de la langue. La pédagogie des différentes matières enseignées s’appuiera tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre.

C’est d’ailleurs pour pouvoir s’adapter à cette réalité que de plus en plus d’interprètes se forment à tous types d’interprétation : pour pouvoir s’adapter au mieux aux besoins de l’élève, dépendamment du contexte d’apprentissage.

Comment présenter ces approches aux parents?

La grande majorité des parents étant entendants, ils ne connaissent pas ou peu la surdité : ils auront donc comme principale source d’information les intervenants qu’ils rencontreront suite à l’annonce du diagnostic et qui les “initieront” à ce nouveau monde, à ce nouveau jargon. Vous avez donc un rôle clé à jouer dans la transmission d’une information neutre et complète!

Pour cela, n’hésitez pas à utiliser un support visuel pour présenter ou explorer l’éventail des modes de communication.

L’infographie ci-dessous pourrait vous aider : elle montre toute la gamme d’outils à votre disposition, les canaux sur lesquels ils s’appuient et leur complémentarité.

modes-communication

Des avantages et des limites à identifier

Enfin, rappelons qu’il n’existe pas une voie plutôt qu’une autre à prioriser dans l’absolu  : chaque mode de communication comporte des avantages et des limites. Voici dessous quelques exemples que nous avons rassemblés, à partir de différents articles et des expériences et témoignages à notre disposition. Ces constats sont à nuancer et à mettre en perspective, pour chaque personne!

Si vous sentez que les parents ont des doutes, concernant la voie à privilégier, n’hésitez pas à les inviter à discuter avec d’autres parents qui sont passés par là, mais aussi avec des adultes sourds ou malentendants, qui ont un certain recul sur leur parcours.

Approche auditive-verbale

Avantages

Exploite au maximum le potentiel des technologies en appareillage et les restes auditifs;
Adaptation/intégration au monde entendant;
Permet l’acquisition de la langue utilisée par la majorité (et souvent par les parents)

Limites

Non offerte en milieu francophone;
Nécessite beaucoup de travail en réadaptation;
Seulement pour les degrés de surdité les plus faibles;
Fatigue de décryptage et de compensation;
Fatigue d’écoute

Oralisme

Avantages

Permet l’acquisition de la langue utilisée par la majorité (et souvent par les parents);
Utilise le potentiel des technologies;
Permet de cumuler différents indices pour favoriser la compréhension

Limites

Nécessite d’apprendre la lecture labiale;
Adaptation continue à l’environnement;
Risque de perte d’une partie du message;
Fatigue de décryptage et de compensation;
Fatigue d’écoute

LPC

Avantages

Permet la discrimination des différents phonèmes en complément de la lecture labiale donc une meilleure compréhension de la langue orale;
Permet un meilleur apprentissage de la langue écrite;
Apprentissage rapide ;
Adapté à tout type de surdité

Limites

N’est pas ou peu utilisé en dehors du contexte scolaire (primaire et secondaire);
Difficulté à acquérir un débit rapide avec la parole sans pratique quotidienne;
Ne traduit pas l’intonation ni le sens

Français signé

Avantages

Permet de comprendre la construction syntaxique du français tout en utilisant des indicateurs 100% visuels (signes)

Limites

Grand nombre de signes pour une phrase, peu utilisable et donc peu utilisé pour communiquer en dehors du contexte scolaire;
Temps d’apprentissage long

Pidgin

Avantages

Plus fluide que le français signé pour communiquer rapidement;
Permet de compléter visuellement un message oral de manière fluide;
Plus intuitif pour des parents entendants qui souhaitent apprendre et utiliser des signes;
Utile dans un second temps, lorsqu’au moins 1 des 2 langues est intégrée de manière solide

Limites

Ne permet pas d’identifier 100% des éléments de langage;
Ne permet pas d’intégrer une syntaxe précise et correcte ni en français, ni en LSQ puisqu’il s’agit d’un mode hybride, de transition entre 2 langues;
Temps d’apprentissage long

LSQ

Avantages

Langue “naturelle” 100% accessible, au vocabulaire riche, avec une syntaxe propre et cohérente visuellement, donnant accès au sens;
Langue porteuse de culture, d’histoire, vectrice de fierté identitaire

Limites

Nécessitera la présence d’un.e interprète dans de nombreux contextes ainsi qu’un travail récurrent de sensibilisation;
Nécessite l’utilisation d’une pédagogie spécifique pour l’acquisition du français comme langue seconde;
Temps d’apprentissage long, notamment pour les parents, qui verront leur enfant « progresser » plus vite qu’eux

N’oubliez pas : peu importe le mode de communication choisi, la chose la plus importante, c’est d’avoir du plaisir à communiquer de la façon la plus naturelle possible pour l’enfant. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, tant que le choix est éclairé!

Pour aller plus loin…

  • Découvrez ou redécouvrez notre dossier complet “les modes de communication
  • Consultez les conférences sur les approches pédagogiques selon les différents modes de communication, présentées lors du 89e congrès de l’ACFAS
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