Conseils et outils

Adaptations et accommodements : pourquoi? comment?

Disabled and healthy kids in school hall communicate. Multiracial handicapped children, boys and girls on wheelchair, prosthesis or crunches study together, Linear cartoon flat vector illustration
| photo : Image de upklyak sur Freepik

Si vous intervenez auprès d’enfants ou de jeunes sourds ou malentendants, vous le savez :  la surdité implique différents défis et différents besoins.

En effet, comme nous l’expliquons dans chacune de nos activités de sensibilisation pour les futurs professionnels, le rythme et la facilité du développement du langage et de la parole d’un enfant ayant une surdité dépendent :

  • de l’âge au dépistage, 
  • du degré de surdité,
  • de l’ajustement de l’appareillage, 
  • des sources de stimulation, 
  • du potentiel d’apprentissage de l’enfant, 
  • de la présence ou non d’autres incapacités…

Son développement cognitif et socio-affectif, lui, dépend notamment : 

  • de sa socialisation 
  • de son accès à une langue
  • de son milieu familial

C’est notamment pour cette raison et parce que chaque personne peut vivre avec différents besoins, que l’on vise aujourd’hui l’accessibilité universelle : que l’environnement, les produits, les services, les contenus soient d’emblée conçus pour être utilisables facilement par tous et toutes selon leurs capacités. Dans le milieu scolaire, on parle de conception universelle de l’apprentissage.

Bien sûr, nous le savons : nous évoluons dans différents systèmes que l’on ne peut défaire et repenser du jour au lendemain. C’est un chemin long, qui a commencé il y a de nombreuses années et qui continue d’évoluer notamment en raison des changements de vision du handicap et de différentes avancées sociétales..

Évolution de la scolarisation des jeunes sourds ou malentendants :

evolution-scolarisation-sourds-malentendants

Pendant longtemps, on a pensé que l’individu devait s’adapter au monde pour y trouver sa place : les enfants sourds ou malentendants n’avaient alors pas vraiment accès à l’éducation et vivaient dans l’isolement.

La naissance des institutions à Montréal, au milieu du 19e siècle, aura permis de développer une première forme d’enseignement adapté, avec bien sûr les limites  – et parfois les dérives – que l’on connaît. 

À partir de la fin des années 60, des parents d’enfants sourds ou malentendants se sont rassemblés pour fonder l’AQEPA et demander à ce qu’une autre voie d’enseignement soit offerte aux jeunes : l’intégration. Les institutions ont fermé dans les années 70, et progressivement, des écoles et des classes spécialisées, mais aussi une politique d’adaptation scolaire visant l’intégration dans le système scolaire régulier – donc dans les écoles de quartier – ont été mises en place.

Intégration ou inclusion?

Qu’en est-il du système éducatif, aujourd’hui? Sommes-nous dans une situation d’intégration, ou d’inclusion?

schema-integration-inclusion

Intégration : Le concept d’intégration sous-entend que l’individu « différent » doit s’adapter à son environnement qui lui est considéré comme « normal ». La responsabilité de s’adapter ou de se conformer à son milieu est sur les épaules de l’individu handicapé.

Inclusion : Le concept d’inclusion sous-entend que, peu importe la diversité et les caractéristiques inhérentes chez un individu, il est de son plein droit de faire partie de son environnement. C’est donc à l’environnement de s’adapter à la diversité que l’on retrouve chez les individus. 

(SOURCE)

 

Dans un contexte de pénurie de ressources financières et humaines, de manque de temps, de multiplication des besoins particuliers et disons-le, d’épuisement… comment faire pour avancer un peu plus vers un modèle d’inclusion?

Quelques pistes à explorer

Une des solutions proposées par différents experts en adaptation scolaire ou orthopédagogie consiste à mettre en place des adaptations ou des accommodements qui répondent aux besoins des personnes concernées en les pensant pour qu’elles soient les plus durables possibles et avec le plus d’impacts positifs pour d’autres personnes … voire pour tout le monde. Pour ce faire, on peut se poser quelques questions :

  • qui a besoin d’adaptation et pourquoi?
  • d’où vient l’obstacle? (de la personne ou de son environnement / de la société)
  • est-il possible de faire autrement? 
  • ma manière de faire est-elle pertinente et efficace, ou est-elle liée à une habitude?
  • comment l’adaptation à laquelle on pense peut bénéficier à d’autres?

Voici quelques exemples concrets : 

  • L’utilisation des bonnes habitudes de communication (faire face, attendre son tour de parole, répéter les questions formulées par les membres d’un groupe, accompagner nos mots de geste naturels etc)
  • L’utilisation du codage LPC qui facilite l’apprivoisement de la conscience phonologique vers la graphie pour accéder à un décodage fluide en lecture et permettre un meilleur traitement de l’information écrite, pour tous les élèves (voir projet)
  • L’utilisation de la langue des signes, dès le plus jeune âge, qui aide à diminuer la frustration de l’enfant avant qu’il ne puisse parler (voir Mes débuts en LSQ)
  • L’utilisation de vidéos sous-titrées qui permet d’améliorer les compétences en lecture tout en soutenant la compréhension auditive pour tous.
  • En période de mesures sanitaires, l’utilisation de masques à fenêtres qui peut bénéficier à de nombreuses personnes 
  • L’aménagement de la salle de classe pour atténuer les bruits et utiliser davantage les supports visuels (tapis, balles de tennis aux pieds des chaises, pictogrammes, signalétique… )

Pour aller plus loin…

N’oublions pas qu’une adaptation ou un accommodement n’est pas un avantage ! C’est un droit. (Voir : L’accommodement raisonnable et l’inclusion scolaire). La personne vivant avec surdité ne doit pas avoir à porter toute la responsabilité de l’adaptation : le monde qui l’entoure doit prendre sa part !

C’est pour cela que cet exercice vaut pour toutes les sphères de vie des personnes vivant avec une surdité, et les bonnes habitudes doivent s’adopter le plus tôt possible pour pouvoir se généraliser et perdurer : 

Que ce soit pour la petite enfance (Projet Carrick), l’école, le monde du travail, les loisirs, de nombreuses ressources et bonnes pratiques existent pour favoriser l’inclusion. 

Partageons-les, utilisons-les, valorisons-les, pour prendre des bonnes habitudes et adopter des bons réflexes lorsque nous développerons les approches et contenus pédagogiques… et donc l’école de demain.

Et vous, quels accommodements ou adaptations avez-vous mis en place, pour soutenir l’inclusion des jeunes vivant avec une surdité? Quels autres bénéfices avez-vous constaté?

Partagez-les nous !

Aller au contenu principal